Incredible India !

Du 19 au 28 avril

Notre courte étape indienne, d’une semaine à peine dans le nord du pays, s’est passée sans qu’on ait le temps de s’en rendre compte… L’Inde s’avère être, sans hésitation, le pays le plus dépaysant depuis le début de notre voyage. Voici donc, avec quinze jours de retard,  le récit de notre aventure indienne.

Jour 1 :  Namaste New Delhi !

Notre arrivée en Inde se sera faite sans stress, nous sommes pris en charge à l’aéroport  par la navette de notre hôtel afin de s’éviter un choc trop frontal pour notre grand écart  Japon-Inde !

L’hôtel est plutôt clean et notre première journée sur l’immense mégapole se passe à l’arrière d’un confortable taxi climatisé qui nous ballade de site en site. Ce n’est pas l’Inde qu’on craignait.

Cadrans solaire et lunaire de New Delhi

Lotus temple

Mausolée Mogol

Certes c’est animé, coloré, épicé et sale, certes la circulation est dense, certes les boss de l’hôtel ont des têtes de mafieux mais finalement on ne sent pas oppressé, on n’est pas bousculé, harcelé…

 Au contraire, les indiens sont curieux, souriants, nous souhaitent la bienvenue…

On se fait notre premier resto avec excitation après 20 jours de bouffe japonaise -pas des plus goûteuses- et on en prend plein les papilles : tikka massala, cheese naan et raïta à tomber par terre, l’EXTASE !!!

Jour 2 :  Ca se corse le second jour : sans guidebook et sans préparation on est un peu déboussolé…Impossible de pénétrer dans la gare des trains pour s’acheter nos billets, de rabatteurs en rabatteurs on finit par se faire avoir et on se fait conduire dans une agence locale qu’on nous faisait passer pour l’office du tourisme…

Bref, une matinée de perdue mais des billets et un hôtel pour Agra en poche à un tarif « touristique »…

 New Delhi nous coûte vraiment très cher mais on a notre aprèm devant nous, ce qui nous permet de compléter nos visites de la veille.

Temple 

Fort de New Delhi

La grande Mosquée de New Delhi

Jour 3 : La journée de transit pour Agra se passe sans encombre, avec des départs interminables et la conduite indienne au klaxon, bien sûr, mais on arrive à bon port et on nous transfère direct dans notre hôtel soi-disant classieux mais plutôt crasseux… Chambre glauque mais propre avec clim des années 50…personnel peu aimable…

Ca fait vraiment cher la chambre pour ce standing en Inde !!! Cependant le délicieux déjeuner rattrape la mauvaise surprise, on se délecte. Une p’tite sieste plus tard on rejoint Ali notre tuktuk driver pour une virée au Fort d’Agra et un coucher de soleil sur le Taj Mahal…

Soso qui commençait à sentir ses tripes s’agiter d’une drôle de façon pendant la sieste pâtit de plus en plus tout au long de l’après-midi…

Cela ne nous empêche pas de profiter des magnifiques points de vue offerts par le colossal fort rouge et du paisible coucher de soleil sur le taj que l’on découvre avec émerveillement depuis un tranquille jardin situé de l’autre côté de la rivière. Ca le fait le Taj Mahal avec du recul et loin des bains de foule.

On s’en donne à cœur joie avec le lumix !

On dîne léger dans la chambre et on se couche tôt car RDV est pris avec Ali à 5h00 demain matin  pour le lever de soleil sur la perle d’Agra : Le Taj Mahal !

Jour 4 : Hélas, les pressentiments de Soso s’avèrent bien réels, impossible de fermer l’œil de la nuit, c’est plutôt vidange totale au réveil avec fièvre et sueurs froides pour couronner le tout. En bref, ça faisait longtemps, depuis Bagan… C’’est reparti pour un épisode chiasseux du tonnerre de dieu ! La matinée de visite s’annonce des plus difficiles…

Après quelques faux départs on atteint enfin l’entrée du mausolée, une heure plus tard que prévu, du coup il y déjà un peu de monde… Soso prend son mal en patience et se traîne  mais on est vite saisi par le charme irréel du lieu.

 Ca y’est , on y est !!!

Petit joyau étincelant aux premières lueurs du soleil, le Taj Mahal, objet de cristallisation de tous les rêves romantiques nous éblouit !

Soso en oublie même un temps son alien intestinal… Hélas , le lieu mythique se remplit à toute allure et la visite romantique se transforme assez vite en parc d’attractions de la photo… Il faut parfois patiemment attendre son tour pour certains clichés, question d’optique !!! A la queue leu leu !!

On est également saisis par la beauté, le raffinement et la solennité de l’antre du mausolée entièrement sculpté dans le marbre blanc… Même, s’il faut le dire, ça pue quand même des pieds là-dedans !!!

On fait plusieurs pauses dans le parc pour contempler le monument sous toutes ses coutures et on ne parvient pas à poser l’appareil photo plus de trois minutes !!!!

Hélas, chaleur, foule et diarrhée -tout de suite ça sonne moins romantique- ont vite raison de Soso et on prend le chemin du retour avec notre tuk tuk.

Soso arrive dans un état second à l’hôtel où elle comate toute l’aprem durant pendant que Juju prépare l’étape suivante.

On avait décidé de ne pas se rendre à Varanasi –alias Bénarès- mais finalement la curiosité nous démange et il serait dommage de passer à côté sans y faire un arrêt. Juju revient donc avec les billets de train et une réservation d’ hôtel pour la ville sainte en poche. On se repose et on dîne dans la chambre, régime exclusivement « banane » pour Soso…

Jour 5 :  Ca se corse encore un peu, journée train à l’indienne!!! Aujourd’hui nous attendent 12 heures de train avec une escale de 3 h à Lucknow. 

De bon matin dans la gare d’Agra, on trouve notre premier train sans encombre et, surprise,  c’est plutôt confortable... Juju a même l’espace nécessaire pour ses longues jambes !

Changement à Lucknow. Les indiens n’ont pas une minute d’arrêt, le wagon est en perpétuellement mouvement.

 Il fait une chaleur torride dans cette ville. On se fait de suite capter par la police touristique et on nous escorte jusqu’au bon quai. On nous indique même une salle d’attente climatisée, un peu bondée mais, vu les températures, c’est mieux que rien !!!

On est vite saisis par la faim et on se cale une heure dans le resto de la gare.

Retour dans la salle d’attente bourrée de militaires armés, c’est pas très engageant…

Puis notre second train est enfin annoncé. Notre voiture  est tout au bout du quai et on marche longtemps avant de découvrir avec stupeur notre wagon, pour le coup, celui-ci, à l’indienne comme on se l’imaginait, LE sleeping train !!! Un entassement incroyable de locaux, pas un touriste, 6 personnes sur trois étages dans un compartiment où il n’en tiendrait même pas 4 selon nos normes occidentales…

C’est donc parti pour 5 nouvelles et interminables heures de train bringuebalant par 45 suffoquants degrés… On partage au début la banquette avec notre voisin et on discute un peu. Puis on déplie nos couchettes et on s’installe. On bouquine, on tente de dormir, on s’amuse avec les gamins du wagon au son du ukulélé… Pendant ce temps, les indiens s’entassent sur les banquettes du bas, ils arrivent à rentrer à 5-6 sur UNE banquette et discutent de longue…

La nuit bien tombée on arrive enfin à destination,  ce n’est pas le quai qui nous attend, il est 20 mètres plus loin.  Il faut donc sauter du train vite fait, bien fait dans l’obscurité totale. C’est la mission !!! Plus d’un mètre nous sépare ainsi que notre chargement  de la terre ferme mais pas le choix ! On atterrit dans la poussière et les gravas, au milieu des vaches : c’est complétement surréaliste !!! Drôle de gare !

Heureusement, on est tout de suite pris en charge par l’hôtel réservé depuis Agra, hop dans le « taxi » ! On se fraye un chemin au travers des défilés car c’est la saison des mariages !!! En Inde, les éminents astrologues sont consultés chaque année pour déterminer la période propice au mariage et par voie de conséquence, tout le monde se marrie en même temps !!! Pas de bol pour Soso qui n’en peut plus de ses nuits d’insomnie!!!

En cette ville « sainte » règne ce soir une cacophonie innommable entre musique bollywood à gogo et feux d’artifices ! Ici, ils ne font pas les choses à moitié, c’est du clinquant ! Il faut que ça envoie. Et pour couronner le tout, notre hôtel se trouve dans la zone hôtelière prisée des indiens pour les mariages, il y a une fête dans chaque établissement !!!

On pose vite fait nos sacs dans notre hôtel miteux et on rassemble nos forces pour sortir dîner un bout dans ce quartier peu accueillant. La nuit s’annonce difficile…

Jour 6 : Boucan d’enfer jusqu’au petit matin : Soso n’a pas dormi et son système digestif lui joue à nouveau des tours. Vidange matinale, les forces lui manquent. On descend prendre des renseignements pour nos visites et on apprend qu’on nous vire de l’hôtel ce soir car il manque de place pour le mariage du jour !!!

Finalement le changement d’hôtel nous prend toute la matinée et on parvient à se mettre en route en milieu d’aprem seulement !! Au programme : envoi d’un colis pour s’alléger car les sacs commencent à peser très,  très lourd.

On découvre un autre aspect de  l’art de se compliquer la vie à l’indienne !!! En effet, une fois le colis prêt et scotché, il faut se rendre chez un « tailleur », qui doit se procurer un bout de coton et du fil pour coudre le colis puis le sceller à la cire… L’opération coûte en temps et en argent et elle ne protège en rien le colis…On croise les doigts pour qu’il arrive à bon port avec nos petits souvenirs du Japon…

Une heure plus tard on ressort du bureau et on négocie un tuktuk pour les bords du Gange, enfin !!!!

 La route est longue et cela se corse au fur et à mesure dans les ruelles archibondées !!! Voitures, motos, tuktuk, rickshaw, piétons, vaches et rampants tentent de se frayer un passage dans un va et vient incessant, une cacophonie et une puanteur accentuée par une chaleur étouffante.

Bref, un premier contact apocalyptique avec la sacro-sainte Varanasi… Et ça se corse encore davantage lorsqu’on descend du tuktuk et qu’on doit se débrouiller avec nos deux jambes, tous les sens en alerte !!! La traversée est interminable et il faut vraiment redoubler de vigilance pour éviter de se faire renverser par un véhicule roulant, de cogner les autres piétons, de rentrer dans une vache ou d’en piétiner une bouse fraîche…

On parvient enfin à accéder aux rives du Gange et on n’est pas déçu : ça grouille de vie.

Il y a des sadhus à toutous, des marchands du temple bien sûr, mais beaucoup de pèlerins et de locaux qui font leurs ablutions, prennent un cours de natation, font leur lessive, leur gym du soir…un vrai spectacle vivant.

On décide de louer une barque pour bien prendre la mesure de toute cette activité depuis le large. La luminosité n’est pas idéale en cette fin de journée mais on se laisse bercer par le Gange et l’ambiance indicible qui règne à Varanasi.

Et c’est là, après un quart d’heure de traversée, qu’une apparition improbable nous fait complétement halluciner !  Au loin, marchant le longe du Gange, on croit reconnaître la silhouette familière de notre chouchou rasta du Laos alias Romain ! Soso s’égosille, relayée par les gamins de la ville. La silhouette se retourne et se dirige vers nous : Non, on ne rêve pas !

 Plus improbable tu meurs mais c’est bien notre Rominou accompagné de son fréro Tristan qui se dirige vers nous !!! On est super content de le retrouver et tous deux nous rejoignent dans notre barque pour la suite de la traversée.

 On se rapproche des bûchers mais on ne s’éternise pas, il fait une chaleur étouffante mais pourtant cela nous glace le sang…

On termine notre « croisière » sur le Gange et on prend place sur les marches pour la cérémonie haute en couleur. Entre folklore et spiritualité, entre kitsch et sacré, entre ridicule et mystique, l’Inde oscille et Varanasie vibre . La « holy city » diffuse son énergie.

On enchaîne avec  un chaï et un buff de digereedo-djembé  par Romain et Tristan, entourés d’indiens complétement sous le charme de cet instrument inhabituel et on se rentre, bien tard, dans notre quartier pourri pour une nouvelle courte nuit. Mariages –mariages ; ambiance-ambiance. Demain c’est décidé : on  s’installe dans la même guest house que nos deux compères ,  très bon marché, fleurie, calme et juste en bord de Gange.

Jour 7 : Ce matin, après un quart d’heure interminable de marche le long du Gange chargés comme des mules sous un soleil de plomb, on s’installe dégoulinants à la Vishnou rest house. On fait les étoiles de mer sous le ventilateur et on papote avec les deux fréros jusqu’au déjeuner.

On se régale en compagnie d’un autre français qui voyage en Inde et au Népal en moto à la roots, la vraie… Ce type est vraiment incroyable et sympathique à la fois.

On passe un très agréable moment tous ensemble mais vient l’heure de la séparation : aujourd’hui, nos routes se séparent à nouveau. On aurait bien passé un peu plus de temps avec les garçons… Cependant, on se console vite car c’est certain, nous sommes connectés avec Rominou et nos chemins se croiseront à nouveau… 

Après-midi farniente dans la chambre qui s’avère vraiment vraiment VRAIMENT très chaude !!! Etoile de mer au programme… On sort finalement notre nez de la chambre en fin de soirée pour dîner, toujours à la même adresse et l’on se joint au pote sympa de Romain qui est là lui aussi… L’adresse est tellement prisée qu’on doit patienter une grosse heure et demi avant de pouvoir dévorer nos délicieuses pizzas… On se met au lit suffoquants et bien rassasiés… Demain matin, lever très matinal pour un dernier tour de barque au fil du Gange avant les grosses chaleurs.

Jour 8 : Ce matin, une chaude  lumière irradie les rives du Ganges et les Ghâts de Varanasi. Il y a déjà une activité débordante et on mitraille à tout va avec le lumix, bien content de parfaire nos clichés avec cet éclairage flatteur…

On embarque pour une heure et demie et on sent déjà la chaleur brûlante du soleil sur notre peau.

Vaches , chèvres, ablutions matinales, palais et saris chatoyants , ménagères fouettant leur linge, toilette du matin, bûchers en flammes ou en préparation… tout est là, un savant mélange à l’indienne…

On immortalise ces tableaux et on file rapidos se mettre à l’ombre dans notre chambre finalement  fraîche comparée à la chaleur ambiante !

On ne sort que pour le déjeuner, même adresse, et on flâne un peu dans les ruelles de la vieille ville, slalomant entre les bouses sacrées, pour profiter des courants d’air et de la relative fraîcheur.

En fin de journée on longe une dernière fois la rive du Gange pour s’immerger dans l’ambiance de la cérémonie.

Aujourd’hui est « célébré » le premier anniversaire de la mort du sanctifié Saïbaba et une atmosphère toute particulière est perceptible en ces lieux mystiques.

On s’installe sur les gâths entre sadhus et bovins le temps de boire un chaï et de s’imprégner de ce folklore une dernière fois, un peu nostalgique.

Finalement Varanasi aura eu raison de nous et aura fini par nous séduire… L’Inde aura été, pour nous, une expérience plus qu’un voyage. Ce pays nécessite  plus de temps pour s’habituer et s’imprégner de son rythme , de son trafic, de ses codes. Soso émet beaucoup de réserves par rapport à Juju finalement charmé par ce pays déroutant.                   

Pui, on dîne et on se couche de bonne heure car demain c’est le grand départ pour le Népal et une longue, très longue journée de bus nous attend.

Bye bye Incredible & indi-scible India !